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LA LISTE DE LA MATINALE
Aujourd’hui, nous vous invitons à revenir au 7 octobre 2023, en Israël, à travers le récit du journaliste et kibboutznik Amir Tibon ; de vous plonger dans le très attendu quatrième roman de la voix des milléniaux, l’Irlandaise Sally Rooney ; dans la singulière histoire vosgienne racontée par Claudie Hunzinger, comme à l’écart des genres littéraires connus ; d’arpenter la Chine avec la journaliste britannique Tania Branigan, sur les traces laissées par la Révolution culturelle, un demi-siècle après ; de suivre enfin Mara Goyet dans son retour sur un épisode pénible de souffrance et de solitude, quand, à 10 ans, elle fut le premier rôle de La Vie de famille, de Jacques Doillon.
RÉCIT. « Les Portes de Gaza », d’Amir Tibon
Amir Tibon, journaliste au quotidien Haaretz, qui, le 7 octobre 2023, était présent dans le kibboutz Nahal Oz, a décidé de remettre des mots et – c’est ce qui fait la force de son livre – de la complexité sur ces événements. Son récit, efficace et passionnant, porte un titre doublement évocateur. Les « portes de Gaza », ce sont évidemment ces kibboutz installés le long de l’enclave. Mais l’expression fait aussi référence à la légende de Samson, qui, prisonnier des Philistins de Gaza, s’enfuit en arrachant les portes de la ville.
La parabole a été utilisée en 1956 par Moshe Dayan, alors chef d’état-major de l’armée israélienne. Ce jour-là, dans le kibboutz, le général prononce un discours où, fait rarissime, il reconnaît la souffrance des Palestiniens, mais c’est pour mieux mettre en garde : le groupe de jeunes gens installé à Nahal Oz, dit-il, « traîne les lourdes portes de Gaza sur ses épaules ». Restez vigilants et armés, recommande-t-il, car « par-delà le sillon de la frontière grandit un torrent de haine ».
Le 7 octobre 2023, les 450 habitants du kibboutz ont vu des hommes ivres de violence envahir leur bourgade. Amir Tibon relate ces heures effroyables avec beaucoup de pudeur, donnant les noms des victimes et retraçant leur parcours. Il décrit le combat héroïque des kibboutzniks chargés de la sécurité, qui ont sauvé la plupart des habitants, sans les sortir de l’angoisse. Amir Tibon lui-même, qui se dit « sioniste convaincu », ne cache pas son désarroi face à la guerre à Gaza. Quelle que soit sa colère, il refuse de s’abandonner au désir de vengeance. Une manière, peut-être, d’éloigner un peu le terrible joug des « portes de Gaza ». R. R.
ROMAN. « Intermezzo », de Sally Rooney
Du damier de l’échiquier aux labyrinthes du jeu amoureux, Intermezzo est une d’histoire d’échecs – au double sens du terme. Les personnages principaux, Ivan, jeune génie qui dispute des tournois, et son frère aîné, Peter, avocat, se retrouvent le jour de l’enterrement de leur père. L’un est ultrasensible et solitaire, l’autre cache ses failles sous son aisance en société. Résultat : ces deux-là ont échoué à s’entendre.
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